Le secteur du tourisme développe de plus en plus de labels concernant la qualité mais également le type de public accueilli… Faut-il vraiment saluer cette évolution ?
J’ai à cœur de parler de la différence comme j’aime parler de qualité, de valeurs… Tout cela se mélange et souvent se recoupe, ça parle de la même chose, du besoin de faire ensemble parce que c’est l’un des facteurs propres à l’Homme.
D’un point de vue étymologique, le mot handicap vient de la contraction de trois mots anglais Hand In Cap (la main dans le chapeau) qui est à l’origine un système d’échange où l’on recherchait l’équité : un arbitre, le « handicapper » déterminait la différence de valeur entre deux objets, puis déposait la somme compensant cette différence dans un chapeau. Ensuite le terme sera utilisé pour désigner toute action visant à rendre plus équitable une confrontation sportive (courses hippiques, etc.). Enfin, le mot handicap prendra une connotation médicale liée à un état de santé et des capacités plus ou moins altérées donnant droit à compensation au regard de la loi sur l’égalité des droits et des chances.
Sans pour autant entrer dans les détails qui expliquent mon point de vue sur le handicap (et je parle bien du handicap et non des personnes handicapées, aujourd’hui rebaptisées personnes porteuses de handicap), je ne suis pas favorable à la mise en place de « labels » liés à la situation d’êtres vivants, un peu comme on peut voir fleurir sur le net des sites « gay friendly » ou « pet friendly ». Si on ne l’affiche pas, cela signifie qu’on ne les accepte pas ??? Un label pour évaluer la qualité d’accord mais pas pour estampiller les différences du vivant…
Le Natural Surf Lodge est un lieu d’accueil pour tous et pour moi, la différence, qu’elle prenne la forme d’un handicap moteur, mental ou moral, d’une orientation sexuelle ou autre, doit être accueillie d’une façon simple et naturelle.
De la même façon, je suis assez réservée sur les actions de regroupement lors de journées dédiées au handicap ou concernant les normes imposées et souvent exagérées (places de parking, accessibilité…). Elles ne favorisent pas l’intégration et au contraire renforcent la mise « à part », elles édifient des murs entre les gens au lieu d’ouvrir les esprits. Il suffit souvent d’avoir un regard objectif et bienveillant, une réflexion à la portée de tous (se mettre à la place de) et une dose de solidarité pour que les expériences se passent ensemble et qu’une personne porteuse d’un handicap puisse faire partie d’un groupe ou prendre un cours particulier de surf au même titre que n’importe qui.
Je ne sors pas cette réflexion de mon chapeau, mon meilleur ami est IMC (Infirme Moteur Cérébral) et une formation en APA (Activité Physique Adaptée) m’a permise de parler à partir d’expériences concrètes de ces situations de handicap. Je préfère partager l’idée simple que, handicap ou pas, à partir du moment où l’on a l’envie de surfer, c’est à dire éprouver du plaisir lié à l’accélération et au contact d’une surface liquide en mouvement, alors c’est possible, le reste n’est qu’une question de réflexion, d’adaptation et de confiance.
So let’s do it, let’s go surfing everyone…
Claire